Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/246

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devraient se mouvoir en ligne oblique[1] », ce reproche trouve sa justification dans ce que les deux moments qui sont compris dans le concept de l’atome sont représentés comme deux mouvements immédiatement différents et devraient donc échoir à des individus différents ; mais cette inconséquence est pourtant logique, car la sphère de l’atome est l’immédiateté.

Epicure sent fort bien la contradiction qui réside dans ce point. Il cherche donc à présenter la déclinaison de l’atome de la manière la moins matérielle possible. Elle est

nec regione loci certa nec tempore certo[2][3],


elle a lieu dans le plus petit espace possible[4].

Cicéron[5] et, d’après Plutarque, plusieurs anciens[6] critiquent, en outre, le fait que la déclinaison de l’atome ait lieu sans cause ; et rien de plus honteux, dit Cicéron, ne peut arriver à un physicien[7]. Mais d’abord, une cause physique telle que la veut Cicéron, rejetterait la déclinaison de l’atome dans le cercle du déterminisme, hors duquel elle doit justement nous élever. Mais, en outre, l’atome n’est pas du tout encore achevé avant d’être posé dans la détermination de la déclinaison. Demander la cause de cette détermination revient alors à demander la cause qui fait de l’atome un principe, question évidemment privée de sens pour celui qui croit que l’atome est la cause de tout, et qu’il ne saurait donc avoir une cause.

Lorsque, enfin, Bayle[8], s’appuyant sur l’autorité de saint Augustin[9], selon qui Démocrite a attribué aux atomes

  1. . Cic. de fin. I, VI 19 sq.
  2. . Lucrèce II 293.
  3. . Ni dans un temps déterminé ni dans un lieu précis.
  4. . Cic. de fato X 22.
  5. . Ibid.
  6. . Plut, de an. Procr. 1015 C.
  7. . Cic. de fin I, VI, 19.
  8. . Bayle.
  9. . Saint Augustin, lettre 118 (nouveau dénombrement), 28 (à Dioscore).