Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/278

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sent du privilège de se soumettre à ces mouvements au gré de leur fantaisie. Or, si l’on n’est pas d’accord sur ce point, cette antinomie elle-même prépare au plus grand trouble des âmes[1].

Si Aristote a donc reproché aux anciens d’avoir cru que le ciel, pour se soutenir, avait besoin d’Atlas[2] qui :

πρὸς ἑσπέρους τόπους
ἕστηκε κίον’ οὐρανοῦ τε καὶ χθονὸς
ὤμοιν ἐρείδων[3].
[Eschyl. Prométh., 348 sq.]


Épicure blâme, par contre, ceux qui croient que l’homme a besoin du ciel ; et Atlas lui-même, sur qui le ciel s’appuie, il le trouve dans la sottise et la superstition humaine. La sottise et la superstition sont, elles aussi, des titans.

Toute la lettre d’Épicure à Pythoclès traite de la théorie des corps célestes, abstraction faite de la dernière section. Celle-ci clôture la lettre par des sentences éthiques[4]. C’est d’ailleurs de manière pertinente que sont ajoutées à la doctrine des météores des maximes éthiques. Cette doctrine est pour Épicure une affaire de conscience. Nous nous appuierons donc principalement sur cet écrit à Pythoclès. Nous compléterons notre étude d’après la lettre à Hérodote à laquelle Épicure se réfère lui-même dans la lettre à Pythoclès.

En premier lieu, il ne faut pas croire que la connaissance des météores, qu’elle soit conçue dans son ensemble ou en particulier, nous fasse parvenir à un autre but qu’à l’ataraxie et à la ferme confiance, tout comme le reste de la science de la nature[5]. Ce dont a besoin notre vie, ce n’est pas de

  1. Ibid. 76.77.
  2. Arist. de caelo 284 a.
  3. Qui, à l’Occident, se tient debout, portant sur ses épaules les colonnes du ciel et de la terre.
  4. Diog. X 85.
  5. Ibid. 85.82.