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III. — LA DIALECTIQUE REPULSION / ATTRACTION
ET L’IDEE DE DECLINAISON


Marx pense conceptuellement, jusque dans ses moindres détails, une philosophie d’ordre représentatif. L’importance extrême qu’il donne au Clinamen (déclinaison des atomes), sans doute au moins discutable dans une stricte perspective d’histoire de la philosophie[1], déséquilibre nécessairement la dialectique hégélienne de la répulsion et de l’attraction. On note un curieux silence sur l’attraction, tant dans les Travaux préparatoires que dans la Dissertation. La déclinaison précède la répulsion, et l’analyse se termine sur cette même répulsion. Le mot « attraction » apparaît dans la Dissertation à propos du ciel, mais jamais à propos des atomes. Un tel silence est troublant, à propos d’une notion aussi essentielle. C’est le niveau de l’idéalité qui semble ainsi écarté des atomes.

On lit cependant dans les Travaux préparatoires que les atomes se rapportent à eux-mêmes par la déclinaison, en un mouvement qui paraît tenir lieu de l’attraction. La dialectique répulsion/attraction, par elle-même complète, contredit l’importance majeure accordée à la déclinaison, à moins que la déclinaison s’identifie à l’un des deux termes. Dans un premier moment, la déclinaison semble prendre sur elle le statut positif de l’attraction : elle assure l’identité-à-soi de l’atome ainsi que l’identité des atomes entre eux : tous les atomes déclinent. Elle est, dans l’atome, « ce qui peut lutter et résister », la loi, la détermination primordiale,

  1. . M. Solovine va même jusqu’à contester l’existence de la déclinaison chez Epicure. Cf. Epicure, édition Herman.