Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/99

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perte pour l’ouvrier de sa réalité, l’objectivation comme la perte de l’objet ou l’asservissement à celui-ci, l’appropriation comme l’aliénation, le dessaisissement ».

Dans ces conditions, la production n’est-elle pas de nouveau le pur négatif, au sens où Hegel la condamnait ? Hegel critiquait la production-pour-la-production. Marx dit aussi que c’est dans la phase de l’aliénation que le monde est humanisé et il donne comme mot d’ordre au communisme l’abolition du travail. Le communisme semble alors réaliser les « retrouvailles du spéculatif » : l’unité immédiate de l’homme avec lui-même, unité qui exclut la sphère du travail. Il semble y avoir un glissement de la production au produit : la production est aliénante, mais le produit fait oublier la production, il est la production supprimée, l’objet des philosophes débarrassé de son « objectivité », pris subjectivement : l’homme lui-même. « Le communisme traite consciemment toutes les conditions naturelles préalables comme des créations des hommes. » « Il dépouille celles-ci de leur caractère naturel et les soumet à la puissance des individus unis. » Il est la base réelle qui rend impossible tout ce qui existe indépendamment des individus « dans la mesure toutefois où cet état de choses existant est purement ou simplement un produit des relations antérieures des individus entre eux[1] ».

« La révolution communiste… est dirigée contre le mode d’activité antérieur, elle supprime le travail et abolit la domination de toutes les classes en abolissant les classes elles-mêmes[2]. » Le communisme est alors la réalisation du rêve philosophique : l’absence de différence entre l’homme et le monde et entre l’homme et l’homme. Marx dit parfois que l’homme, dans l’aliénation, a développé toutes ses possibilités et que le communisme est la fin et l’appropriation de ce développement. La compréhension de l’histoire est alors hégélienne : le communisme est la fin réalisée

  1. . Idéologie allemande, éd. citée, p. 97.
  2. . Ibidem, p. 68.