Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/111

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mée autrichienne à Prague, et, tandis que le patriotisme exagéré (die Patriotische Ueberkraft, comme s’est exprimé Heine) entraînait la jeunesse, révolutionnaire, mais à courte vue, en Schleswig et en Lombardie, où elle se trouva détruite par la mitraille des ennemis, l’armée régulière se trouvait, en Prusse comme en Autriche, placée dans une position telle qu’elle pouvait reconquérir la faveur publique par des victoires remportées sur l’Étranger. Mais, disons-le encore une fois, ces armées, que les libéraux soutenaient pour s’en servir contre le parti plus avancé, n’eurent pas plutôt recouvré, à un degré quelconque, leur discipline et leur confiance, qu’elles se tournèrent contre les libéraux eux-mêmes et ramenèrent au pouvoir les hommes de l’ancien système. Lorsque Radetzkv reçut, dans son camp au-delà de l’Adige, les premiers ordres des « ministres responsables » de Vienne, il s’écria : « Quels sont ces ministres ? Ils ne forment pas le Gouvernement de l’Autriche ! L’Autriche n’est plus maintenant que dans mon camp ; c’est moi et mon armée qui sommes l’Autriche, et lorsque nous aurons battu les Italiens, nous reconquerrons l’Empire à l’Empereur ! » Le vieux Radetzky avait raison ; mais les imbéciles qu’étaient les ministres « responsables » de Vienne ne firent pas attention à ses paroles.


Londres, février 1852.