Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/179

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côté le moins dangereux ; forcez vos ennemis à se retirer avant qu’ils puissent réunir leurs forces contre vous ; comme dit Danton, le plus grand maître connu de la politique révolutionnaire : de l’audace, de l’audace, encore de l’audace !

Qu’avait alors à faire l’Assemblée nationale de Francfort si elle voulait échapper à la perte certaine qui la menaçait ? C’était, avant tout, de voir clair dans la situation et de se convaincre qu’elle n’avait maintenant d’autre choix que de se soumettre sans condition aux Gouvernements ou de prendre en main, sans réserve et sans hésitation, la cause de l’insurrection à main armée. C’était, en second lieu, de reconnaître publiquement toutes les insurrections qui avaient déjà éclaté et d’inviter le peuple à prendre partout les armes pour défendre la représentation nationale, mettant hors la loi tous les princes, les ministres et autres qui oseraient s’opposer au peuple souverain représenté par ses mandataires. C’était, en troisième lieu, de déposer aussitôt le Lieutenant de l’Empire allemand, de créer un pouvoir exécutif fort, actif et décidé, d’appeler les troupes insurgées à Francfort pour assurer sa protection immédiate et donner ainsi en même temps un prétexte légal à l’extension de l’insurrection, d’organiser en un tout compact toutes les forces qui se trouvaient à sa disposition, en un mot de profiter rapidement et sans hésitation de tous les moyens utiles pour fortifier sa position et affaiblir celle de ses adversaires.