Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/18

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par les classes moyennes de la Grande-Bretagne, n’a-t-il pas duré quarante-huit ans et la bataille livrée par les classes moyennes en France n’a-t-elle pas fourni matière à quarante ans de luttes sans exemple ? Et son triomphe a-t-il jamais été plus près d’éclater qu’au moment même où la monarchie restaurée se croyait le plus solidement établie ? La superstition, qui attribuait les révolutions à la mauvaise volonté de quelques agitateurs, a depuis longtemps fait son temps ; tout le monde sait maintenant que partout où une convulsion révolutionnaire se produit, elle a sa source dans quelque besoin social dont les institutions surannées empêchent la satisfaction. Ce besoin peut ne pas se sentir assez fortement et assez généralement pour assurer le succès immédiat ; mais toute tentative de répression violente ne fera que le rendre de plus en plus puissant jusqu’à ce qu’il arrive enfin à briser les entraves. Par conséquent, si nous avons été battus, nous n’avons pas autre chose à faire qu’à recommencer encore une fois par le commencement. Le temps de repos, probablement très court, qu’il nous est permis de prendre, entre la fin du premier et le commencement du second acte, nous permet heureusement d’accomplir une partie très nécessaire de notre tâche : elle consiste à étudier les causes qui ont donné naissance au récent soulèvement et amené sa défaite, sans oublier que ces causes ne doivent être recherchées ni dans les efforts accidentels, dans les talents, les