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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/221

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conséquences, les actes qu’il a commis et grâce auxquels il comparaît en qualités d’accusé devant eux. Ce fait suffit à lui seul pour caractériser l’attitude de la bourgeoisie allemande et, en particulier, de la bourgeoisie prussienne pendant la durée de la Révolution. Il s’agit de savoir qui prédominera des puissances de la société, des pouvoirs de l’État groupés autour de la monarchie absolue, grande propriété féodale, bureaucratie, prêtraille, ou bien encore de la bourgeoisie. Le prolétariat, encore à l’état naissant, ne s’intéresse à cette lutte que dans la mesure où la victoire de la classe bourgeoise lui permet de se développer librement, lui laisse les coudées franches sur le champ de bataille où il doit un jour remporter la victoire sur toutes les autres classes. Mais la bourgeoisie et, avec elle, la petite bourgeoisie, ne font pas un mouvement quand le Gouvernement, leur ennemi, frappe leur puissance en plein cœur, dissout leur Parlement, désarme leur garde nationale, les soumet elles-mêmes à l’état de siège. Les communistes montent alors sur la brèche, et les somment d’accomplir leur œuvre maudite. En face de l’ancienne société féodale, la bourgeoisie et le prolétariat forment la nouvelle société et marchent d’accord. L’appel reste naturellement sans écho, et l’ironie de l’histoire veut que la même bourgeoisie ait à juger, ici, les communistes révolutionnaires, prolétariens, là le Gouvernement contre-révolutionnaire.