Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/281

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que le groupe public, la Société secrète prit bientôt un caractère de plus en plus international ; tout d’abord en un sens encore restreint pratiquement par suite des différentes nationalités des adhérents, théoriquement aussi, parce que l’on pensait qu’une révolution, pour être victorieuse, devait être européenne. On n’allait pas encore plus loin ; mais le principe était trouvé.

Grâce aux réfugiés à Londres, aux combattants du 12 mai 1839, on se tenait en relations étroites avec les révolutionnaires français. Il en était de même avec les Polonais ayant les tendances les plus radicales. L’émigration polonaise officielle, ainsi que Mazzini, étaient plutôt hostiles que favorables à la Ligue. Les chartistes anglais, étant donné le caractère spécialement national de leur mouvement, furent laissés de côté comme non-révolutionnaires. Les chefs de la Ligue, à Londres, n’entrèrent en relation avec eux que plus tard et par mon intermédiaire.

Le caractère de la Ligue s’était encore modifié à un autre point de vue à la suite des événements. Bien que l’on considérât toujours — avec pleine justice à cette époque — Paris comme la ville qui devait enfanter la Révolution, on ne s’en était pas moins séparé des conspirateurs parisiens. L’extension de la Ligue éveilla la conscience de ce qu’elle était. On sentit que l’on jetait des racines de plus en plus solides dans la classe ouvrière allemande. On comprenait que le prolétariat allemand voyait