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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/302

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en conflit. Les multiples querelles auxquelles participent et dans lesquelles se compromettent réciproquement les fractions isolées du « parti de l’ordre » sur le continent, bien loin de fournir l’occasion de nouvelles révolutions, ne sont, au contraire, possibles que parce que la base qui supporte les rapports est si sûre, et, ce que la réaction ignore, si bourgeoise. Les tentatives de réaction destinées à arrêter le développement bourgeois échoueront aussi bien que l’enthousiasme moral et les proclamations enflammées des démocrates[1]. » C’est ce que Marx et moi nous écrivions dans la Revue de mai à octobre 1850, dans la Neue rheinische Zeitung (livraisons V et VI, Hambourg, 1850, p. 153).

Cette froide appréciation de la situation semblait à beaucoup de gens une hérésie à une époque où Ledru-Rollin, Louis Blanc, Mazzini, Kossuth, ainsi que les faibles lumières de l’Allemagne, Ruge, Kinkel, Goegg, etc., se constituaient en une foule de Gouvernements provisoires, non seulement pour leurs patries respectives, mais encore pour toute l’Europe, et où il ne s’agissait plus pour eux que de prendre, en Amérique, l’argent nécessaire sous la forme d’emprunt révolutionnaire pour accomplir en un clin d’œil la révolution et fonder les différentes républiques qui s’imposaient. Personne ne saurait s’étonner qu’un homme comme Willich

  1. K. Marx, Lutte des clauses en France, p. 163. Schleicher, édit.