Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/310

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En possession de ce jury, il pouvait sembler que le Gouvernement prussien marcherait droit devant lui et ferait Un simple procès de tendance. Les documents saisis chez Nothjung, Bürgers, etc., et reconnus par eux, ne témoignaient d’aucun complot. Ils ne prouvaient aucun acte prévu par le Code pénal, mais ils démontraient incontestablement l’hostilité des accusés pour le Gouvernement existant et pour la société existante. Ce que la raison du législateur avait omis la conscience des jurés pouvait le reprendre. N’était-ce pas une rouerie des accusés de donner à leur hostilité contre la société existante une forme telle qu’elle ne pût tomber sous le coup d’aucun paragraphe du Code ? Est-ce qu’une maladie cesse d’être infectieuse parce qu’elle manque dans la nomenclature de l’ordonnance de police concernant les maladies ? Si le Gouvernement prussien s’était borné à prouver la culpabilité des accusés en se servant des documents existant en fait, si le jury s’était contenté, en les déclarant « coupables », de les rendre désormais inoffensifs, qui donc aurait pu attaquer Gouvernement et jury ? Personne, sauf peut-être le rêveur creux qui accorde à un Gouvernement prussien et aux classes dominantes en Prusse une force suffisante pour pouvoir donner champ libre à leurs ennemis, tant qu’ils se maintiennent sur le terrain de la discussion et de la propagande.

Cependant le Gouvernement prussien s’était