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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/32

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et dans chaque province, mêlés en proportions différentes ; lorsque, surtout, le pays ne possède pas de grand centre, comme Londres ou Paris, dont les décisions peuvent soustraire la population à la nécessité de reprendre toujours la même lutte dans chaque localité, — à quoi peut-on s’attendre alors, sinon à voir le conflit se décomposer en un grand nombre de luttes sans connexion entre elles, dans lesquelles il se dépense une quantité énorme de sang, d’énergie et de capital, et qui, malgré tout cela, restent sans aucun résultat décisif. Le démembrement politique de l’Allemagne en trois douzaines de principautés, plus ou moins importantes, s’explique également par la confusion et la multiplicité des éléments qui composent la nation et qui, eux aussi, varient dans chaque localité. Là où il n’y a pas d’intérêts communs, il ne peut y avoir unité de but et encore moins unité d’action. La confédération germanique a été, il est vrai, déclarée à jamais indissoluble ; mais cette confédération de même que son organe, la Diète, n’a jamais représenté l’unité allemande. Le point le plus élevé que la centralisation ait jamais atteint en Allemagne l’a été au moment de l’établissement du Zollverein ; ce dernier a forcé les États de la mer du Nord à former une Union douanière à eux, tandis que l’Autriche se renfermait dans son tarif prohibitif particulier. L’Allemagne a obtenu ainsi la satisfaction d’être, dans toutes les questions pratiques, partagée seulement