Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/35

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mains de l’Autriche et de la Prusse, voulait empiéter sur leur indépendance de souverains, ils seraient soutenus dans leur résistance par l’opinion publique et par les Chambres ; si, au contraire, ces Chambres devenaient trop puissantes, ils pouvaient aisément s’adresser au pouvoir de la Diète pour briser toute opposition. Dans ces circonstances, les institutions constitutionnelles de la Bavière, du Wurtemberg, de Bade et du Hanovre ne pouvaient donner lieu à aucune lutte politique sérieuse, et la grande masse de la classe moyenne allemande se tenait généralement à l’écart des petites querelles qui naissaient dans les législatures des petits États. La bourgeoisie savait bien que, sans un changement fondamental dans la politique et dans la constitution des deux grandes puissances de l’Allemagne, les efforts et les victoires secondaires n’avaient aucune valeur. Mais en même temps surgissait, dans ces petites assemblées, une nouvelle race d’avocats libéraux, gens d’opposition par profession : les Rotteck, les Welcker, les Roemer, les Jordan, les Stüve, les Eisenmann, — grands « hommes populaires » (Volksmänner) qui, après une opposition de vingt années plus ou moins bruyante mais toujours infructueuse, ont été portés au faîte du pouvoir par la grande marée révolutionnaire de 1848, et après avoir montré leur impuissance et leur insignifiance extrêmes, ont été, au bout d’un instant, renversés de nouveau. Ces premiers échantillons,