Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le nouveau roi était encore moins que son père disposé à la créer ; et si même il avait eu cette intention, il n’ignorait pas non plus que l’opinion publique avait subi, depuis son avènement, des changements étonnants.

Les classes moyennes, en effet, qui s’attendaient, dans une certaine mesure, à voir le nouveau roi octroyer enfin la constitution, proclamer la liberté de la presse, instituer le jury, etc., bref, se mettre à la tête de la révolution pacifique dont elles avaient besoin pour atteindre le pouvoir politique, — ces classes moyennes s’aperçurent de leur erreur et se tournèrent furieusement contre le roi. Dans les provinces Rhénanes, et plus ou moins dans tout le reste de la Prusse, elles se trouvèrent si exaspérées que, ne possédant pas, dans leur propre milieu, d’hommes capables de les représenter dans la presse, elles allèrent jusqu’à conclure une alliance avec le parti philosophique extrême dont nous avons parlé plus haut. Le fruit de cette alliance fut la Gazette Rhénane[1] de Cologne, supprimée au bout de quinze mois d’existence, mais d’où date le journalisme moderne en Allemagne. C’était en 1842.

Le malheureux roi, dont les affaires embarrassées étaient la satire la plus amère de ses tendances empruntées au moyen âge, vit bientôt qu’il ne pouvait continuer à gouverner sans faire quelques

  1. Rheinische Zeitung.