Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/70

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mêmes, qui obtenaient ces publications en contre-bande par la frontière de Bohème, en étaient plus curieux encore. Certes, les secrets divulgués dans ces publications n’étaient pas d’une grande importance, et les plans de réformes créés par leurs auteurs pleins de bonne volonté portaient le cachet d’une innocence qui frisait la virginité politique. Une constitution et la liberté de la presse en Autriche étaient considérées comme des choses inaccessibles ; des réformes administratives, l’extension des droits des Diètes provinciales, l’admission des livres et journaux étrangers, une censure moins sévère, — les désirs, humbles et loyaux, de ces bons Autrichiens n’allaient presque pas au delà.

Quoi qu’il en soit, l’impossibilité croissante d’empêcher les rapports littéraires de l’Autriche avec le reste de l’Allemagne, et par l’Allemagne avec le reste du monde, contribuait beaucoup à créer une opinion publique antigouvernementale et mettait en même temps quelques connaissances politiques à la portée d’une partie de la population autrichienne. Ainsi, à la fin de l’année 1847, l’Autriche se trouvait saisie, quoique à un degré inférieur, par la même agitation politique et politico-religieuse qui régnait dans tout le reste de l’Allemagne, et si ses progrès se faisaient en silence, elle n’en a pas moins trouvé assez d’éléments révolutionnaires sur lesquels elle pouvait agir. C’était le paysan, serf ou tenancier féodal, accablé par les exactions seigneuriales ou gouvernementales :