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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/89

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dans leur opposition à l’ancien Gouvernement, se sont séparés les uns des autres après la victoire, ou même pendant la lutte, et comment cette même bourgeoisie qui, seule, a profité du succès, s’est tournée immédiatement contre ses alliés d’hier, a adopté une attitude hostile envers toute classe ou tout parti d’un caractère plus avancé et a conclu une alliance avec les éléments vaincus, féodaux et bureaucratiques. Il était, en effet, évident, dès le commencement du drame révolutionnaire, que la bourgeoisie libérale ne pouvait résister aux partis féodaux et aristocratiques — vaincus, mais non anéantis — qu’en s’appuyant sur le parti populaire et sur les partis extrêmes, et que, pour résister au torrent de ces masses plus avancées, il lui fallait, dans la même mesure, le concours de la noblesse féodale et de la bureaucratie. Ainsi il était assez clair que, ni en Autriche ni en Prusse, la bourgeoisie ne possédait une force suffisante pour garder le pouvoir et pour adapter les institutions à ses besoins et à ses idées propres. Le ministère de la bourgeoisie libérale n’était qu’un point d’arrêt, d’où, suivant la tournure des circonstances, le pays pouvait soit arriver à l’étape plus avancée du républicanisme unitaire, soit retomber dans l’ancien régime clérico-féodal et bureaucratique. Quoi qu’il en soit, le combat décisif était encore à livrer ; les événements de mars n’avaient fait qu’engager la lutte.