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de juin 1849 au 10 mars 1850
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abattant les arbres de la liberté. Ce fut inutile. Si les arbres de la liberté avaient perdu leur place, le gouvernement lui-même perdit la tête, et recula, effrayé, devant sa provocation. L’Assemblée nationale reçut cette maladroite tentative d’émancipation de Bonaparte avec une défiance glacée. L’enlèvement des couronnes d’immortelles de la colonne de juillet n’eut pas plus de succès. Elle fournit à une partie de l’armée l’occasion de démonstrations révolutionnaires et à l’Assemblée nationale le prétexte d’un vote de défiance plus ou moins déguisé contre le ministère. Ce fut en vain que la presse gouvernementale menaça de la suppression du suffrage universel, de l’invasion des Cosaques. En vain d’Hautpoul, en pleine assemblée, somma-t-il la gauche de descendre dans la rue en déclarant que le gouvernement était prêt à la recevoir. D’Hautpoul n’en retira qu’un rappel à l’ordre du président et le « parti de l’ordre » laissa avec une joie maligne et silencieuse un député de gauche persiffler les velléités usurpatrices de Bonaparte. En vain prophétisa-t-on une révolution pour le 24 février ; le gouvernement fit en sorte que le 24 février fut ignoré du peuple.

Le prolétariat permettait qu’on le provoquât à l’émeute parce qu’il avait dessein de faire une révolution.

Sans s’arrêter aux excitations du gouvernement qui ne faisaient qu’irriter davantage le mécontentement général contre l’ordre existant, le comité