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la lutte des classes en france

tionnelle rentre dans une nouvelle phase, dans sa phase de dissolution. Les différentes fractions de la majorité se sont réconciliées entre elles et avec Bonaparte, elles sont de nouveau destinées à sauver l’ordre, et lui redevient leur homme neutre. Si elles songent encore à être royalistes, c’est parce qu’elles désespèrent toujours de la possibilité de la République bourgeoise. S’il pense encore à être président, c’est uniquement parce qu’il désespère de le rester.

A l’élection de Deflotte, l’insurgé de Juin, Bonaparte répond sur l’indication du « parti de l’ordre », par la nomination de Baroche au ministère de l’intérieur, de Baroche, l’accusateur de Blanqui et de Barbès, de Ledru-Rollin et de Guinard. A l’élection de Carnot, la Législative répond par le vote de la loi sur l’instruction, à l’élection de Vidal, par l’interdiction de la presse socialiste. Le « parti de l’ordre » cherche à dissimuler sa peur par les coups de trompette que lance sa presse. « Le glaive est saint », s’écrie un de ses organes. « Les défenseurs de l’ordre doivent prendre l’offensive contre le parti rouge », dit un autre. « Entre le socialisme et la société, il y a un duel à mort, une guerre continuelle, sans pitié. Dans ce combat singulier, l’un ou l’autre doit être terrassé. Si la société n’anéantit pas le socialisme, le socialisme anéantira la société », chante un troisième coq de l’ordre. Élevez les barricades de l’ordre, les barricades de la religion, les barricades