insurrectionnel arriva à maturité et devint un véritable parti révolutionnaire.
Le but des pages suivantes est d’établir ce point.
I. — LA DÉFAITE DE JUIN 1848
Après la révolution de Juillet, quand le banquier libéral Laffite mena en triomphe son compère le duc d’Orléans à l’Hôtel de Ville, il laissa échapper ce mot : Maintenant le règne des banquiers va commencer. Laffite trahissait ainsi le secret de la révolution.
Sous Louis-Philippe, seule une fraction de la bourgeoisie française régnait. C’étaient les banquiers, les rois de la Bourse et des chemins de fer, les possesseurs de mines de charbon et de fer, les propriétaires de forêts ; une partie de la féodalité foncière s’était en effet ralliée aux premiers. Tous ensemble, ils constituaient ce que l’on a appelé l’aristocratie financière. Elle siégeait sur le trône, dictait les lois aux chambres, distribuait les emplois, depuis les ministères jusqu’aux bureaux de tabac.
La bourgeoisie industrielle proprement dite formait une partie de l’opposition. Elle n’avait qu’une minorité pour la représenter dans les chambres. Son opposition devint d’autant plus vive que l’hégémonie de l’aristocratie financière prenait plus d’extension et qu’elle-même voyait s’asseoir davantage sa domination sur la classe ouvrière après les émeutes de 1832, 1834 et 1839, que l’on étouffa