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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/224

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la lutte des classes en france

juvénile et fiévreuse consacrée à la production matérielle qui doit encore conquérir un nouveau monde n’a ni le temps ni l’occasion de détruire l’ancien monde des esprits.

Pendant les journées de Juin, toutes les classes, tous les partis s’étaient unis dans le parti de l’ordre pour faire front contre la classe prolétarienne, le parti de l’anarchie, du socialisme, du communisme. Ils avaient « sauvé » la société des entreprises des ennemis de la société. Ils avaient donné en mot d’ordre à leurs troupes la devise de l’ancienne société : propriété, famille, religion, ordre, et crié aux croisés contre-révolutionnaires : « Sous ce signe, tu vaincras ! » A partir de ce moment, dès qu’un des nombreux partis qui s’étaient rassemblés sous ce signe contre les insurgés de Juin, cherche à tenir la campagne dans l’intérêt de sa propre classe, il succombe au cri de « propriété, famille, religion, ordre ». On sauve la société chaque fois que le cercle de ses maîtres se rétrécit, qu’un intérêt plus exclusif est défendu contre un intérêt plus large. La revendication la plus simple, la réforme financière la plus bourgeoise, du libéralisme le plus ordinaire, du républicanisme le plus formel, la plus platement démocratique est à la fois punie comme « attentat contre la société », et flétrie comme « socialisme ». Et finalement les grands prêtres de la « religion et de l’ordre » sont chassés à coups de pieds de leurs trépieds pythiques, empoignés en pleine