La fraction des républicains bourgeois, qui depuis longtemps se considérait comme l’héritière légitime de la monarchie de Juillet, se trouva avoir ainsi dépassé son idéal. Seulement elle arrivait au pouvoir d’une tout autre façon qu’elle ne l’avait rêvé sous Louis-Philippe. Ce n’était pas une révolte libérale de la bourgeoisie contre le trône qui l’y portait, mais une émeute du prolétariat dirigée contre le capital et qu’on avait battu à coups de feu. Ce qu’elle s’était représenté comme le plus révolutionnaire des évènements fut en réalité le plus contre-révolutionnaire. Le fruit tombait dans son sein, mais il s’était détaché de l’arbre de la science et non de l’arbre de la vie.
La suprématie exclusive des républicains bourgeois ne se maintint que du 24 juin au 10 décembre 1848. Son histoire se résume en l’élaboration d’une constitution républicaine et dans la mise en état de siège de Paris.
La nouvelle constitution n’était au fond que l’édition républicaine de la charte constitutionnelle de 1830. La restriction du cens électoral sous la monarchie de Juillet, qui excluait du pouvoir politique une grande partie de la bourgeoisie même était incompatible avec l’existence de la République bourgeoise. La révolution de Février avait, sur-le-champ, proclamé à la place de ce cens le suffrage universel direct. Les républicains bourgeois ne pouvaient empêcher que cet événement ait eu lieu. Ils durent se contenter d’y adjoindre