siège dans son propre intérêt et pour son propre intérêt et assiéger en même temps les bourses des bourgeois ? Il ne faut pas oublier d’ailleurs, notons le en passant, que le colonel Bernard, ce président de la commission militaire qui, sous les ordres de Cavaignac, avait gratifié sans jugement quinze mille insurgés de la déportation, se remuait à ce moment à la tête de la commission militaire fonctionnant à Paris.
Si les « républicains honnêtes », les « républicains purs », avaient, avec l’état de siège, préparé le terrain où les prétoriens du 2 décembre 1851 devaient prospérer, ils méritent par contre un éloge : au lieu d’exagérer le sentiment national comme sous Louis-Philippe, maintenant qu’ils commandaient à la puissance nationale, ils rampaient devant l’étranger ; au lieu de libérer l’Italie, ils la laissèrent reconquérir par les Autrichiens et les Napolitains. L’élection de Louis Bonaparte à la présidence, le 10 décembre 1848 mit fin à la dictature de Cavaignac et à la Constituante. Dans le paragraphe 44 de la constitution, il est dit : « Le président de la République française ne doit jamais avoir perdu sa qualité de citoyen français. » Le premier président de la République française, Louis-Napoléon Bonaparte, ne s’était pas contenté de perdre sa qualité de citoyen français : non seulement il avait été « special constable » en Angleterre, mais il s’était même fait naturaliser Suisse.