prolétariat se vengeait de sa défaite du 13 juin 1849. Un moment, il sembla que le danger n’était disparu du théâtre de la lutte que pour y réapparaître à la première occasion plus fort, avec un mot d’ordre plus audacieux. Une circonstance paraissait encore accroître le péril de cette victoire électorale. L’armée avait, à Paris, voté pour l’insurgé de Juin contre Lahitte, un des ministres de Bonaparte. Dans les départements, elle avait en grande partie accordé ses voix aux Montagnards, qui, là encore, bien que d’une façon moins éclatante qu’à Paris avaient eu le dessus sur leurs adversaires.
Bonaparte vit subitement la révolution se dresser en face de lui. Comme au 29 janvier 1849, comme au 13 juin 1849, il se cacha derrière le « parti de l’ordre ». Il s’inclina, fit humblement des excuses, s’offrit à nommer sur l’ordre de la majorité parlementaire un ministère quelconque ; il supplia même les chefs des partis orléanistes et légitimistes, les Thiers, les Berryer, les Broglie, les Molé, bref ceux que l’on appelait les burgraves, de prendre en mains les rênes de l’État. Le « parti de l’ordre » ne sut pas tirer parti de ce moment unique. Au lieu de se saisir courageusement du pouvoir qu’on lui offrait, ce parti ne força jamais Bonaparte à reprendre le ministère qu’il avait renvoyé le 1er novembre. Il se contenta d’humilier le prince en lui pardonnant et d’associer M. Baroche au ministère d’Hautpoul. Ce Baroche avait, en qualité d’accusateur public, exercé sa fureur devant la