agitations illusoires. La bourgeoisie se reconquit et prit ses mesures. Enfin l’importance des élections de mars reçut par le fait de l’élection complémentaire d’avril un commentaire sentimental qui l’affaiblissait. En un mot le 10 mars devenait un poisson d’avril.
La majorité parlementaire comprit la faiblesse de son adversaire. Ses dix-sept burgraves — Bonaparte leur avait en effet abandonné la direction et la responsabilité de l’attaque — élaborèrent une nouvelle loi électorale dont le dépôt fut confié à M. Faucher qui en avait réclamé pour lui l’honneur. Le 8 mai, il proposa la loi qui supprime le suffrage universel, impose à l’électeur l’obligation d’un domicile de trois ans au lieu du vote et fait enfin dépendre la preuve de ce domicile de l’attestation de l’employeur.
Autant les démocrates, pendant la lutte électorale, lutte constitutionnelle, avaient fait de l’agitation révolutionnaire, autant leurs discours se faisaient constitutionnels maintenant qu’il s’agissait de prouver, les armes à la main, le sérieux de ce succès électoral ; ils prêchaient l’ordre, le « calme majestueux, » l’action légale, c’est-à-dire la soumission aveugle à la volonté de la contre-révolution qui avait la prétention de s’imposer comme loi. Pendant les débats, la Montagne confondait le « parti de l’ordre » en se prévalant de la supériorité de son maintien calme, digne de l’homme de bien qui reste sur le terrain du droit, sur l’empor-