bourgeoisie s’étendait, son pouvoir moral sur les masses populaires se perdait. Le suffrage universel s’était déclaré le 10 mars directement opposé à la domination bourgeoise, la bourgeoise répondit en proscrivant le suffrage universel. La loi du 31 mai était donc une des nécessités de la lutte des classes. D’autre part, la constitution exigeait pour que l’élection du président fût valable un minimum de deux millions de voix. Si aucun des candidats à la présidence n’obtenait ce minimum, l’Assemblée nationale devait choisir le président parmi les trois candidats qui avaient obtenu le plus de voix. A l’époque où la Constituante avait voté cette loi, dix millions d’électeurs étaient inscrits sur les listes électorales. A son sens un cinquième de ceux-ci suffisait pour rendre valable l’élection à la présidence. La loi du 31 mai raya au moins trois millions de voix des listes électorales, réduisit le nombre des électeurs à sept millions et maintint néanmoins le minimum légal de deux millions de voix pour l’élection présidentielle. La nouvelle loi élevait donc ce minimum du cinquième au tiers presque des voix ; elle faisait tout pour faire passer l’élection du président des mains du peuple en celles de l’Assemblée nationale. Ainsi le « parti de l’ordre » pensait avoir doublement consolidé son pouvoir par la loi électorale du 31 mai en confiant l’élection de l’Assemblée nationale et celle du président de la République à la partie stationnaire de la nation.
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