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la lutte des classes en france

tition digne de l’ancien testament et n’en avait-il pas puni les démocrates ? Mais, en ce moment la revision de la constitution signifiait le maintien du pouvoir présidentiel et le maintien de la constitution ne voulait dire qu’une chose : la destitution de Bonaparte : le Parlement s’était déclaré en sa faveur mais la constitution se prononçait contre le Parlement. Bonaparte agissait donc dans le sens du Parlement en déchirant la constitution et il agissait dans le sens de la constitution en chassant le Parlement.

Le Parlement avait déclaré la constitution et, avec elle, son propre pouvoir « hors la majorité. » Par sa décision, il avait aboli la constitution et prolongé le pouvoir présidentiel. En même temps il avait proclamé que si l’une ne pouvait mourir, l’autre ne pouvait vivre tant qu’il subsisterait lui-même. Les fossoyeurs qui devaient enterrer l’Assemblée étaient déjà à ses portes. Tandis qu’elle discutait sur la revision, Bonaparte retirait au général Baraguey d’Hilliers, qui se montrait indécis, son commandement de la première division militaire et nommait à sa place le général Magnan, le vainqueur de Lyon, le héros des journées de décembre, une de ses créatures qui s’était déjà plus ou moins compromise pour lui sous Louis-Philippe lors de l’expédition de Boulogne.

Le parti de l’ordre montrait par son vote au sujet de la revision qu’il ne savait ni régner ni servir, ni vivre ni mourir, ni supporter la Répu-