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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/42

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la lutte des classes en france

au contraire, de l’argent comptant disponible. La crise financière ne pouvait se dissimuler plus longtemps et les petits bourgeois, les employés, les ouvriers, firent les frais de l’agréable surprise ménagée aux créanciers de l’État.

On déclara que les livrets de caisse d’épargne dont le montant dépassait 100 francs ne seraient plus remboursables en argent. Les sommes déposées dans les caisses furent confisquées et remplacées par une créance remboursable sur l’État. La petite bourgeoisie, déjà gênée, s’aigrit contre la République. Elle se vit forcée d’aller à la Bourse vendre les bons d’État reçus à la place des livrets. C’était retomber directement entre les mains des Juifs de la Bourse contre lesquels la révolution de Février avait été faite.

L’aristocratie financière, toute puissante sous la monarchie de Juillet, avait sa Haute église dans la Banque. De même que la Bourse régit le crédit public, la banque gouverne le crédit commercial.

Menacée directement par la révolution de Février non seulement dans sa suprématie, mais dans son existence même, la Banque chercha tout d’abord à discréditer la République en généralisant la pénurie du crédit. Elle le refusa brusquement aux banquiers, aux fabricants, aux marchands. Cette manœuvre ne produisit pas une contre-révolution immédiate. Elle se retourna nécessairement contre la Banque. Les capitalistes retirèrent l’argent qu’ils avaient déposé dans ses caves. Les posses-