Page:Marx - Le Capital, Lachâtre, 1872.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XVII

VARIATIONS DANS LE RAPPORT DE GRANDEUR ENTRE LA PLUS-VALUE ET LA VALEUR DE LA FORCE DE TRAVAIL

Nous avons vu que le rapport de grandeur entre la plus-value et le prix de la force de travail est déterminé par trois facteurs : 1o la durée du travail ou sa grandeur extensive ; 2o son degré d’intensité, suivant lequel différentes quantités de travail sont dépensées dans le même temps ; 3o son degré de productivité, suivant lequel la même quantité de travail rend dans le même temps différentes quantités de produits. Des combinaisons très diverses auront évidemment lieu selon que l’un de ces trois facteurs est constant (ne change pas de grandeur) et les deux autres variables (changent de grandeur), ou que deux facteurs sont constants et un seul variable, ou enfin que tous les trois sont variables à la fois. Ces combinaisons seront encore multipliées, si le changement simultané dans la grandeur de différents facteurs ne se fait pas dans le même sens — l’un peut augmenter tandis que l’autre diminue — ou pas dans la même mesure l’un peut augmenter plus vite que l’autre, etc. Nous n’examinerons ici que les combinaisons principales.

I

Données : Durée et intensité de travail constantes. Productivité variable.

Ces conditions admises, nous obtenons les trois lois suivantes :

1o La journée de travail d’une grandeur donnée produit toujours la même valeur, quelles que soient les variations dans la productivité du travail.

Si une heure de travail d’intensité normale produit une valeur d’un demi-franc, une journée de douze heures ne produira jamais qu’une valeur de six francs[1]. Si la productivité du travail augmente ou diminue, la même journée fournira plus ou moins de produits et la valeur de six francs se distribuera ainsi sur plus ou moins de marchandises.

2o La plus-value et la valeur de la force de travail varient en sens inverse l’une de l’autre. La plus-value varie dans le même sens que la productivité du travail, mais la valeur de la force de travail en sens opposé.

Il est évident que des deux parties d’une grandeur constante aucune ne peut augmenter sans que l’autre diminue, et aucune diminuer sans que l’autre augmente. Or, la journée de douze heures produit toujours la même valeur, six francs par exemple, dont la plus-value forme une partie, et l’équivalent de la force de travail l’autre, mettons trois francs pour la première et trois francs pour la seconde. Il est clair que la force de travail ne peut pas atteindre un prix de quatre francs sans que la plus-value soit réduite à deux francs, et que la plus-value ne peut monter à quatre francs, sans que la valeur de la force de travail tombe à deux. Dans ces circonstances chaque variation dans la grandeur absolue, soit de la plus-value, soit

  1. Nous supposons toujours que la valeur de l’argent reste invariable.