Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/119

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de l’argent comme du blé, du vin, de l’huile, du tabac. Cependant la fraude de Philippe ne fut pas plutôt soupçonnée que sa monnaie fut réduite à sa juste valeur et qu’il perdit en même temps ce qu’il avait cru gagner sur ses sujets. Même chose arriva à la suite de toutes les tentatives analogues. »

D’abord il a été démontré, maintes et maintes fois, que, si le prince s’avise d’altérer la monnaie, c’est lui qui y perd. Ce qu’il a gagné en une seule fois par la première émission, il le perd autant de fois que les monnaies falsifiées lui rentrent sous la forme d’impôts, etc. Mais Philippe et ses successeurs ont su se mettre plus ou moins à l’abri de cette perte, car, une fois la monnaie altérée mise en circulation, ils n’avaient rien de plus pressé à faire que d’ordonner une refonte générale des monnaies sur l’ancien pied.

Et puis d’ailleurs, si Philippe Ier avait véritablement raisonné comme M. Proudhon, Philippe Ier n’aurait pas bien raisonné « au point de vue commercial ». Ni Philippe Ier, ni M. Proudhon ne font preuve de génie mercantile, quand ils s’imaginent qu’on peut altérer la valeur de l’or aussi bien que celle de toute autre marchandise par la seule raison que leur valeur est déterminée par le rapport de l’offre à la demande.

Si le roi Philippe avait ordonné qu’un muid de blé s’appelât désormais deux muids de blé, le roi aurait été un escroc. Il aurait trompé tous les