Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/201

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d’une exécution facile ; que d’autres, telles que la façon et l’attache des têtes d’épingle, sont à proportion plus difficiles : il en conclut donc que l’on peut naturellement approprier à chacune de ces opérations un ouvrier dont le salaire corresponde à son habileté. C’est cette appropriation qui est l’essence de la division des travaux. Mais ce qui pouvait servir d’exemple utile du temps du docteur Smith ne serait propre aujourd’hui qu’à induire le public en erreur relativement au principe réel de l’industrie manufacturière. En effet, la distribution, ou plutôt l’adaptation des travaux aux différentes capacités individuelles, n’entre guère dans le plan d’opérations des manufactures automatiques : au contraire, partout où un procédé quelconque exige beaucoup de dextérité et une main sûre, on le retire du bras de l’ouvrier trop adroit et souvent enclin à des irrégularités de plusieurs genres, pour en charger un mécanisme particulier, dont l’opération automatique est si bien réglée qu’un enfant peut la surveiller.

« Le principe du système automatique est donc de substituer l’art mécanique à la main-d’œuvre et de remplacer la division du travail entre les artisans par l’analyse d’un procédé dans ses principes constituants. Selon le système de l’opération manuelle, la main-d’œuvre était ordinairement l’élément le plus dispendieux d’un produit quelconque ; mais d’après le système automatique, les talents de l’artisan se trouvent progressive-