Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/219

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Ainsi, M. Proudhon se reconnaît incapable de comprendre l’origine économique de la rente et de la propriété. Il convient que cette incapacité l’oblige à recourir à des considérations de psychologie et de morale, lesquelles, tenant en effet de fort loin à la production des richesses, tiennent pourtant de fort près à l’exiguïté de ses vues historiques. M. Proudhon affirme que l’origine de la propriété a quelque chose de mystique et de mystérieux. Or, voir du mystère dans l’origine de la propriété, c’est-à-dire transformer en mystère le rapport de la production elle-même à la distribution des instruments de production, n’est-ce pas, pour parler le langage de M. Proudhon, renoncer à toute prétention à la science économique ?

M. Proudhon « se borne à rappeler qu’à la septième époque de l’évolution économique — le crédit — la fiction ayant fait évanouir la réalité, l’activité humaine menaçant de se perdre dans le vide, il était devenu nécessaire de rattacher plus fortement à la nature : or, la rente, a été le prix de ce nouveau contrat. » (T. II, p. 266.)

L’homme aux quarante écus a pressenti un Proudhon à venir : « Monsieur le créateur, à vous permis : chacun est maître dans son monde mais vous ne me ferez jamais croire que celui où nous sommes soit de verre. » Dans votre monde, où le crédit était un moyen pour se perdre dans le vide, il est très possible que la propriété soit