Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/222

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un Deus ex machina, qui arrache au colon tout l’excédent de sa production sur les frais de la production. Il se sert de l’intervention du propriétaire pour expliquer la propriété, de l’intervention du rentier pour expliquer la rente. Il répond au problème en posant le même problème et en l’augmentant encore d’une syllabe.

Observons encore qu’en déterminant la rente par la différence de fécondité de la terre, M. Proudhon lui assigne une nouvelle origine, puisque la terre, avant d’être estimée d’après les différents degrés de fertilité, « n’était pas », suivant lui, « une valeur d’échange, mais était commune ». Qu’est-elle donc devenue, cette fiction de la rente qui avait pris naissance dans la nécessité de ramener à la terre l’homme qui allait se perdre dans l’infini du vide ?

Dégageons maintenant la doctrine de Ricardo des phrases providentielles, allégoriques et mystiques dans lesquelles M. Proudhon a eu soin de l’envelopper.

La rente, dans le sens de Ricardo, est la propriété foncière à l’état bourgeois : c’est-à-dire la propriété féodale qui a subi les conditions de la production bourgeoise.

Nous avons vu que, d’après la doctrine de Ricardo, le prix de tous les objets est finalement déterminé par les frais de production, y compris le profit industriel ; en d’autres termes, par le temps de travail employé. Dans l’industrie manu-