Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reux, que de vous mettre en révolte contre les lois éternelles de l’économie politique.

Les socialistes disent aux ouvriers : ne vous coalisez pas, car, au bout du compte, qu’est-ce que vous y gagneriez ? Une hausse de salaires ? Les économistes vous prouveront jusqu’à l’évidence, que les quelques sous que vous pourriez y gagner, en cas de réussite, pour quelques moments, seront suivis d’une baisse pour toujours. D’habiles calculateurs vous prouveront qu’il vous faudrait des années pour vous rattraper seulement sur l’augmentation des salaires, des frais qu’il vous a fallu faire pour organiser et entretenir les coalitions. Et nous, nous vous dirons, en notre qualité de socialiste, qu’à part cette question d’argent, vous ne serez pas moins les ouvriers, et les maîtres seront toujours les maîtres, après comme avant. Ainsi pas de coalitions, pas de politique, car faire des coalitions, n’est-ce pas faire de la politique ?

Les économistes veulent que les ouvriers restent dans la société telle qu’elle est formée et telle qu’ils l’ont consignée et scellée dans leurs manuels.

Les socialistes veulent que les ouvriers laissent là la société ancienne, pour pouvoir mieux entrer dans la société nouvelle qu’ils leur ont préparée avec tant de prévoyance.

Malgré les uns et les autres, malgré les manuels et les utopies, les coalitions n’ont pas cessé un