Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/258

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indépendant et original, et qui maintenant, en parvenu de la science, croit devoir se pavaner et se vanter de ce qu’il n’est pas et de ce qu’il n’a pas. Puis ses sentiments de petit épicier qui le poussent à attaquer d’une manière inconvenante et brutale, mais qui n’est ni pénétrante, ni profonde, ni même juste, un homme tel que Cabet, toujours respectable à cause de son rôle politique au milieu du prolétariat, tandis qu’il fait l’aimable avec un Dunoyer (conseiller d’État, il est vrai) qui n’a de l’importance que pour avoir prêché avec un sérieux comique tout le long de trois gros volumes insupportablement ennuyeux, un rigorisme ainsi caractérisé par Helvetius : « On veut que les malheureux soient parfaits. »

De fait la révolution de Février survint fort mal à propos pour Proudhon qui, peu de semaines auparavant, venait précisément de prouver de façon irréfutable que « l’ère des révolutions » était passée à jamais. Cependant son attitude dans l’Assemblée nationale ne mérite que des éloges, bien qu’elle prouve son peu d’intelligence de la situation. Après l’insurrection de Juin cette attitude était un acte de grand courage. Elle eut de plus cette conséquence heureuse que M. Thiers, dans sa réponse aux propositions de Proudhon, publiée par la suite sous forme de livre, dévoila le piètre piédestal d’enfant sur lequel se dressait ce pilier intellectuel de la bourgeoisie française.