Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/270

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fabricants parlent de libre échange, ils ont principalement en vue le libre échange des grains et des matières premières en général. Frapper de droits protecteurs les grains étrangers, c’est infâme, c’est spéculer sur la famine des peuples.

Du pain à bon marché, des salaires relevés, cheap food, high wages voilà le seul but pour lequel les free-traders, en Angleterre, ont dépensé des millions, et déjà leur enthousiasme s’est étendu à leurs frères du continent. En général, si l’on veut le libre échange, c’est pour soulager la condition de la classe laborieuse.

Mais chose étonnante ! le peuple, auquel on veut à toute force procurer du pain à bon marché, est très ingrat. Le pain à bon marché est aussi mal-famé en Angleterre que le gouvernement à bon marché l’est en France. Le peuple voit dans les hommes de dévouement, dans un Bowring, un Bright et consorts, ses plus grands ennemis et les hypocrites les plus effrontés.

Tout le monde sait que la lutte entre les libéraux et les démocrates s’appelle, en Angleterre, la lutte entre les free-traders et les chartistes.

Voyons maintenant comment les free-traders anglais ont prouvé au peuple les bons sentiments qui les faisaient agir.

Voici ce qu’ils disaient aux ouvriers des fabriques :

Le droit prélevé sur les céréales est un impôt sur le salaire, cet impôt, vous le payez aux sei-