Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/287

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che à les pallier, portent tout à fait le caractère d’hypocrisie commun à tous les sermons libre-échangistes. Il représente les ouvriers comme moyens de production qu’il faut remplacer par des moyens de production moins coûteux. Il fait semblant de voir dans le travail dont il parle, un travail tout à fait exceptionnel, et dans la machine qui a écrasé les tisserands, une machine également exceptionnelle. Il oublie qu’il n’y a pas de travail manuel qui ne serait susceptible de subir d’un jour à l’autre le sort du tissage.

« Le but constant et la tendance de tout perfectionnement dans le mécanisme, est, en effet, de se passer entièrement du travail de l’homme ou d’en diminuer le prix, en substituant l’industrie des femmes et des enfants à celle de l’ouvrier adulte, ou le travail de l’ouvrier grossier à celui de l’habile artisan. Dans la plupart des filatures par métiers continus, en anglais, throstle-mills, la filature est entièrement exécutée par des filles de seize ans et au-dessous. La substitution de la mull-jenny automatique à la mull-jenny ordinaire a eu pour effet de congédier la plupart des fileurs et de garder des enfants et des adolescents. »

Ces paroles du libre-échangiste le plus passionné, M. le docteur Ure, servent à compléter les confessions de M. Bowring. M. Bowring parle de quelques maux individuels, et dit, en même temps, que ces maux individuels font périr des classes entières, il parle des souffrances passa-