Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/72

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prend comme conséquence ce qui ne pourrait être, tout au plus, qu’une supposition gratuite.

Allons plus loin.

Le temps de travail, comme mesure de la valeur, suppose-t-il du moins que les journées sont équivalentes, et que la journée de l’un vaut la journée de l’autre ? Non.

Mettons un instant que la journée d’un bijoutier équivale à trois journées d’un tisserand : toujours est-il que tout changement de la valeur des bijoux relativement aux tissus, à moins d’être le résultat passager des oscillations de la demande et de l’offre, doit avoir pour cause une diminution ou une augmentation du temps de travail employé d’un côté ou de l’autre à la production. Que trois jours de travail de différents travailleurs soient entre eux comme 1, 2, 3, et tout changement dans la valeur relative de leurs produits, sera un changement dans cette proportion de 1, 2, 3. Ainsi, on peut mesurer les valeurs par le temps de travail, malgré l’inégalité de la valeur des différentes journées de travail ; mais, pour appliquer une pareille mesure, il nous faut avoir une échelle comparative des différentes journées de travail : c’est la concurrence qui établit cette échelle.

Votre heure de travail vaut-elle la mienne ? C’est une question qui se débat par la concurrence.

La concurrence, d’après un économiste améri-