Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/74

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plus se distinguer entre eux que par la quantité de temps qu’ils mettent à travailler. Néanmoins, cette différence quantitative devient, sous un certain point de vue, qualitative, en tant que le temps à donner au travail dépend, en partie, de causes purement matérielles, telles que la constitution physique, l’âge, le sexe ; en partie, de causes morales purement négatives, telles que la patience, l’impassibilité, l’assiduité. Enfin, s’il y a une différence de qualité dans le travail des ouvriers, c’est tout au plus une qualité de la dernière qualité, qui est loin d’être une spécialité distinctive. Voilà quel est, en dernière analyse, l’état des choses dans l’industrie moderne. C’est sur cette égalité déjà réalisée du travail automatique que M. Proudhon prend son rabot d’« égalisation », qu’il se propose de réaliser universellement dans le « temps à venir ».

Toutes les conséquences « égalitaires » que M. Proudhon tire de la doctrine de Ricardo reposent sur une erreur fondamentale. C’est qu’il confond la valeur des marchandises mesurée par la quantité de travail y fixée avec la valeur des marchandises mesurée par la « valeur du travail ». Si ces deux manières de mesurer la valeur des marchandises se confondaient en une seule, on pourrait dire indifféremment : la valeur relative d’une marchandise quelconque est mesurée par la quantité de travail y fixée ; ou bien : elle est mesurée par la quantité de travail qu’elle est à même