Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/252

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la société du point de vue et avec les yeux du petit paysan (plus tard du petit bourgeois) français, et de l’autre côté, lui applique l’étalon que lui ont transmis les socialistes.

D’ailleurs, le titre même du livre en indiquait l’insuffisance. La question était trop mal posée pour qu’on y répondît correctement. La propriété gréco-romaine avait été remplacée par la propriété féodale, celle-ci par la propriété bourgeoise. L’histoire elle-même s’était chargée de la sorte de la critique des rapports de propriété du passé. Ce qu’il s’agissait pour Proudhon de traiter, c’étaient les rapports de la propriété moderne bourgeoise. À la demande quels étaient ces rapports, on ne pouvait répondre que par une analyse critique de l’économie politique, embrassant l’ensemble de ces rapports de propriété, non pas dans leur expression juridique de rapports de volonté, mais dans leur forme réelle de rapports de la production matérielle. Comme Proudhon subordonne l’ensemble de ces rapports économiques à la notion juridique de la propriété, il ne pouvait aller au delà de la réponse donnée déjà par Brissot avant 1789 dans les mêmes termes : « La Propriété c’est le vol »[1].

  1. Brissot de Warville, Recherches sur le droit de propriété et sur le vol, etc., Berlin, 1782. (Dans le VIe vol. de la Bibliothèque philosophique du législateur, par Brissot de Warville.)