Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/106

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fédération des 80 millions de Slaves, et repousser et exterminer l’intrus sur le sol slave sacré, le Turc, le Hongrois et par dessus tout, le détesté, mais indispensable Niemetz, l’Allemand ?

C’est ainsi que fut élaboré dans les cabinets de travail de quelques Slaves, dilettanti en science historique, ce mouvement absurde et anti-historique, mouvement qui ne prétendait à rien moins qu’à soumettre l’occident civilisé à l’orient barbare, la ville à la campagne, le commerce, la manufacture, l’intelligence à l’agriculture primitive des serfs slaves. Mais derrière cette grotesque théorie se dressait la terrible réalité de l’empire russe ; de l’empire qui par chacun de ses mouvements émet la prétention de considérer toute l’Europe comme le domaine de la race slave, et spécialement de la seule partie énergique de cette race, des Russes ; de l’empire qui, avec deux capitales telles que St-Pétersbourg et Moscou, n’aura pas trouvé son centre de gravité aussi longtemps que la « Cité du Czar » (Constantinople, en russe Tzarigrad, la cité du czar), considérée par tout paysan russe comme la véritable métropole de sa religion et de sa nation, ne sera pas effectivement la résidence de son empereur ; de l’empire qui, pendant les der-