Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/11

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elle n’explique quoi que ce soit, et ne montre même pas comment il s’est fait que le « peuple » se soit laissé trahir de la sorte. Et quelle piètre chance court un parti politique qui, pour tout bagage, n’a que la connaissance de ce fait solitaire que le citoyen A ou B n’est pas digne de confiance.

L’examen et l’exposition des causes aussi bien de la tourmente révolutionnaire que de sa répression sont d’ailleurs d’une importance capitale au point de vue historique. Toutes ces querelles, ces récriminations mesquines et personnelles, toutes ces assertions contradictoires, — que c’étaient Marrast ou Ledru-Rollin, ou Louis Blanc, ou tout autre membre du gouvernement provisoire, ou tous ensemble, qui avaient guidé la révolution au travers des rochers sur lesquels elle sombra — quel intérêt peuvent-elles avoir, quel éclaircissement peuvent-elles fournir à l’Américain ou à l’Anglais qui a observé tous ces mouvements divers de trop loin pour qu’il ait pu distinguer le détail des opérations ? Nul homme dans son bon sens ne croira jamais que onze individus, pour la plupart médiocrement doués pour le bien comme pour le mal, aient pu, dans l’espace de trois mois, ruiner une nation de 36 millions, à moins que ces 36 mil-