Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était prête — comme toujours elle l’avait été en Allemagne pendant la Révolution — à combattre jusqu’au bout, une fois qu’elle aurait obtenu des armes.

Tel était l’état des choses à Vienne. Au dehors, l’armée autrichienne réorganisée, grisée par les victoires de Radetsky en Italie ; soixante à soixante-dix mille hommes bien armés, bien organisés et, sinon bien commandés, du moins pourvus de commandants ; au dedans, la confusion, l’antagonisme des classes, la désorganisation une garde nationale, dont une partie était décidée à ne pas se battre du tout, une autre partie irrésolue, et dont le plus petit nombre seulement était prêt à agir ; une masse prolétarienne puissante par le nombre, mais sans chef, sans éducation politique, sujette à la panique aussi bien qu’à des accès de fureur pour ainsi dire sans motif ; à la merci de chaque faux bruit qu’on faisait courir, entièrement disposée à se battre, mais se trouvant sans armes, et à peu près sans organisation quand enfin on la menait à la bataille ; une Diète en désarroi, qui discutait sur des inanités pendant que le feu prenait au toit au-dessus de sa tête, un comité directeur sans initiative, sans énergie.

Tout était changé depuis les journées de