Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/199

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gager. N’attendait-on pas d’eux qu’ils risquassent « la vie et la propriété », comme ils avaient coutume de dire, pour la cause de l’insurrection ? N’étaient-ils pas obligés d’occuper des positions officielles dans l’insurrection, ce qui, en cas de défaite, les exposait à perdre leur capital ? Et, en cas de victoire, n’étaient-ils pas sûrs que les prolétaires victorieux, qui formaient le gros de l’armée combattante, s’empresseraient de les chasser de leurs places et de bouleverser toute leur politique ? Placés ainsi entre des dangers opposés qui l’enserraient de toutes parts, la petite bourgeoisie ne savait faire d’autre usage de son pouvoir que de laisser les choses aller à l’aventure, ce qui, comme de juste, détruisait le peu de chances qui pouvaient exister encore et ruinait l’insurrection. Sa tactique, ou plutôt son manque de tactique, était partout la même ; c’est pourquoi les insurrections de mai 1849, partout en Allemagne, sont taillées sur le même patron.

A Dresde la lutte dura quatre jours dans les rues de la ville. La petite bourgeoisie de Dresde, la « garde communale », non seulement ne se battait pas, mais, en nombre de cas, favorisait les opérations des troupes contre les insurgés. Ces derniers, encore une