Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/70

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des divers incidents de ces insurrections, mais nous avons à en expliquer le caractère, ainsi que l’attitude que prirent vis-à-vis d’elles les différentes classes de la population.

La révolution de Vienne s’était faite, on peut dire, par une population presque unanime. La bourgeoisie (à l’exception des banquiers et des agioteurs), les petits commerçants, les ouvriers, tous se levèrent d’un seul coup contre un gouvernement haï de tous, un gouvernement si universellement détesté, que la petite minorité de nobles et de capitalistes qui l’avaient soutenu s’éclipsèrent à la première attaque. La bourgeoisie avait été maintenue par Metternich dans un tel état d’ignorance politique, qu’elle ne comprenait absolument rien aux nouvelles de Paris qui annonçaient le règne de l’anarchie, du socialisme et de la terreur, les luttes imminentes la classe des capitalistes et la classe des travailleurs. Dans son innocence politique, ou bien elle n’attachait pas de sens à ces nouvelles, ou bien elle les regardait comme des inventions diaboliques de Metternich pour la contraindre à l’obéissance par la peur. Jamais, d’ailleurs, elle n’avait vu les ouvriers agir comme classe, ou se lever pour défendre leurs propres intérêts de classe. Elle ne pouvait, d’après son expé-