Page:Marx - Salaires, prix, profits.djvu/70

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faites par l’ouvrier, et qui seraient entrées dans la valeur de la marchandise. En vendant cette marchandise à sa valeur de dix-huit schellings, le capitaliste réaliserait donc une valeur de trois schellings, pour laquelle il n’aurait point payé d’équivalent. Ces trois schellings constitueraient la plus-value ou le profit qu’il empocherait. Par conséquent, ce ne serait pas en vendant la marchandise à un prix supérieur à sa valeur, mais bien en la vendant à sa valeur réelle que le capitaliste réaliserait trois schellings de profit.

Ce qui détermine la valeur d’une marchandise, c’est la quantité totale du travail qu’elle contient. Mais une partie de cette quantité de travail est incorporée dans une valeur contre laquelle un équivalent a été payé sous forme de salaire ; une autre partie, dans une valeur contre laquelle il n’a pas été donné d’équivalent. Une partie du travail contenu dans la marchandise est du travail payé, l’autre est du travail impayé. Par conséquent, en vendant la marchandise à sa valeur, c’est-à-dire comme la cristallisation de la quantité totale de travail qu’elle a absorbée, le capitaliste doit forcément retirer de la vente un profit. Il vend non seulement ce qui lui a coûté un équivalent, mais aussi ce qui ne lui a rien coûté du tout, encore que cela ait coûté le travail de son ouvrier.

Le coût de la marchandise pour le capitaliste et son coût réel, ce sont deux choses différentes. Je répète donc que les profits normaux et moyens se réalisent par la vente des marchandises non pas au-dessus de leur valeur réelle, mais bien à leur valeur réelle.