Page:Marx - Salaires, prix, profits.djvu/89

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pas même la valeur de son travail. Exiger de lui que, son salaire subissant nécessairement l’influence des périodes défavorables, il s’exclue lui-même de son droit à une compensation pendant les périodes de prospérité, c’est le comble de la sottise. D’une manière générale, les valeurs de toutes les marchandises ne prennent corps que par la compensation réciproque des prix courants qui changent continuellement, à cause des continuelles fluctuations de l’offre et de la demande. Dans notre organisation économique, le travail n’est qu’une marchandise comme les autres. Il faut donc qu’il passe par les mêmes fluctuations que les autres marchandises, pour atteindre un prix moyen qui corresponde à sa valeur. Il serait absurde de le traiter, d’une part, comme marchandise, et de vouloir, d’autre part, l’affranchir des lois qui règlent les prix des marchandises. L’esclave reçoit une quantité fixe et permanente de subsistances ; le salarié, non. Celui-ci doit donc s’efforcer d’obtenir une augmentation de salaire dans un cas, rien que pour compenser une baisse de salaire dans l’autre. S’il se résignait à admettre, comme loi économique permanente, la volonté, les injonctions du capitaliste, il partagerait le sort misérable de l’esclave sans partager sa sécurité.

5. — Dans tous les cas que je viens d’examiner, c’est-à-dire quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, la lutte pour l’augmentation des salaires, vous le voyez, ne fait que suivre des variations antérieures, — dont elle est née et devait naître nécessairement, — dans la quantité de la production, dans les puissances productives du tra-