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Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/161

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Recherchons maintenant avec quoi le capital paie ces salaires « équitables ». Naturellement avec du capital. Mais le capital ne produit aucune valeur. En dehors de la terre, c’est le travail qui est l’unique source de la richesse. Le capital n’est pas autre chose que le fruit du travail accumulé. Il s’ensuit que les salaires des ouvriers sont payés avec du travail ; l’ouvrier est récompensé avec les fruits mêmes de son travail. Selon la conception courante de l’équité, le salaire de l’ouvrier devrait se composer de la totalité des fruits de son travail. Mais cela ne serait pas équitable selon l’économie nationale. Au contraire, les fruits du travail de l’ouvrier sont confisqués par le capitaliste, et l’ouvrier n’en reçoit que juste les moyens de subsistance nécessaires. Et la fin de cette concurrence tout à fait < équitable » est que les produits de ceux qui travaillent s’accumulent dans les mains de ceux qui ne travaillent pas et y deviennent le moyen le plus puissant de charger des chaînes de l’esclavage tous ceux qui ont produit la richesse ainsi accumulée : Un salaire équitable pour un travail équitable !

De ce qui précède, il ressort clair comme le jour que l’ancienne devise eut en son temps son utilité, mais qu’elle ne peut plus rendre aucun service maintenant. Que les ouvriers enterrent donc leur ancien cri de guerre et qu’ils le remplacent par un meilleur : Transfert des moyens de production : matières premières, fabriques et machines aux mains du peuple travailleur !

(Paru vers 1880 sous le titre de « À fair days wages for a fair days work » dans The Labour Standard de Londres et traduit par Engels lui-même en 1884 pour le Züricher Sozial-Demokrat.)


b) La loi du salaire


Dans l’article précédent, nous avons examiné la devise : Un salaire équitable pour un travail équitable. Et cet examen nous a amené à ce résultat que dans les conditions actuelles le salaire le plus équitable équivaut à la répartition la moins équitable du produit de l’ouvrier. De ce produit la plus grande part passe dans la poche du capitaliste, tandis que l’ouvrier doit se contenter juste de ce qui lui suffit pour se maintenir en état de continuer à travailler et de perpétuer sa race.

Voilà une loi économique, ou, en d’autres termes, une loi de la composition économique actuelle de la société qui est de beaucoup plus puissante que toutes les lois écrites et tous les droits coutumiers réunis de l’Angleterre.

Tant que la société sera divisée en deux classes opposées l’une à l’autre, d’un côté les capitalistes qui ont monopolisé tous les moyens de production : terre, matières premières et machines, de l’autre les ouvriers qui sont privés de tout pouvoir sur