Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/55

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Dire : l’ouvrier a intérêt à un accroissement rapide du capital, cela signifie seulement : Plus l’ouvrier augmente rapidement la richesse d’autrui, plus les miettes du festin qu’il recueille sont substantielles ; plus on peut occuper d’ouvriers et les faire se reproduire, plus on peut multi-plier la masse des esclaves sous la dépendance du capital. :

Nous avons donc constaté :

Même la situation la plus favorable pour la classe ouvrière, l’accroissement le plus rapide possible du capital, quelque amélioration qu’il apporte à la vie matérielle de l’ouvrier, ne supprime pas l’antagonisme entre ses intérêts et les intérêts du bourgeois, les intérêts du capitaliste. Profit et salaire sont, après comme avant, en rapport inverse.

Lorsque le capital s’accroît rapidement, le salaire peut augmenter, mais le profit du capital s’accroît relativement plus vite. La situation matérielle de l’ouvrier s’est améliorée, mais aux dépens de sa situation sociale. L’abîme social qui le sépare du capitaliste s’est élargi.

Enfin :

Dire que la condition favorable pour le salaire est un accroissement aussi rapide que possible du capital signifie seulement que plus la classe ouvrière augmente et accroît la puissance qui lui est hostile, la richesse étrangère qui la commande, plus favorables seront les circonstances dans lesquelles il lui sera permis à nouveau de travailler à l’augmentation de la richesse bourgeoise, au renforcement de la puissance du capital, contente qu’elle est de forger elle-même les chaînes dorées avec lesquelles la bourgeoisie la traîne à sa remorque.

La croissance du capital productif et l’augmentation du salaire sont-elles vraiment liées aussi inséparablement que le prétendent les économistes bourgeois ? Nous ne devons pas les croire sur parole. Nous ne devons même pas les croire lorsqu’ils disent que plus le capital est gras, plus son esclave s’engraisse. La bourgeoisie est trop avisée, elle calcule trop bien pour partager les privilèges à la façon du grand seigneur qui tire vanité de l’éclat de sa domesticité.