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Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/93

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Il faut qu’il me permette de trouver son explication un peu drôle. Elle me rappelle une parabole employée par Ménénius Agrippa. Lorsque les plébéiens romains se mirent en grève contre les patriciens, le patricien Agrippa leur raconta que le ventre patricien nourrissait les membres plébéiens du corps politique. Agrippa ne réussit point à prouver que l’on nourrit les membres d’un homme en remplissant le ventre d’un autre. Le citoyen Weston, de son côté, a oublié que la soupière dans laquelle mangent les ouvriers est remplie du produit tout entier du travail national et que ce qui les empêche d’y prendre davantage, ce n’est ni la petitesse de la soupière ni la quantité infime de son contenu, mais uniquement la petitesse de leurs cuillers.

Grâce à quel artifice le capitaliste est-il à même de donner pour 4 shillings de valeurs contre 5 shillings ? Grâce à l’élévation du prix des marchandises qu’il vend. Mais alors, l’élévation des prix, ou pour nous exprimer de façon plus générale, le changement de prix des marchandises dépendent-ils donc de la simple volonté des capitalistes ? Ou bien des circonstances déterminées ne sont-elles pas nécessaires, au contraire, pour que cette volonté entre en jeu ? Sans cela la hausse et la baisse, les variations incessantes des prix du marché deviennent une énigme insoluble.

Puisque nous supposons qu’il ne s’est produit absolument aucun changement, ni dans les forces productrices du travail ni dans la quantité de capital et de travail employés, ni dans la valeur de l’argent dans laquelle est exprimée la valeur des produits, mais qu’il n’y a eu de changement que dans les taux des salaires, comment cette hausse des salaires pourrait-elle influer sur les prix des marchandises ? Uniquement en influant sur le rapport réel entre la demande et l’offre de ces marchandises.

Il est tout à fait exact que la classe ouvrière, considérée dans son ensemble, dépense et doit forcément dépenser son revenu tout entier en objets de première nécessité. Une hausse générale des salaires provoquerait donc une augmentation de la demande d’objets de besoin courant et par conséquent aussi, une hausse de leur prix sur le mar-