Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

petit bourgeois était devenu bourgeois, malgré le joug de l’absolutisme féodal. L’ouvrier moderne, au contraire, au lieu de s’élever par le progrès de l’industrie, descend de plus en plus au-dessous de la condition de sa propre classe. Le travailleur devient un pauvre, et le paupérisme grandit plus vite encore que la population et la richesse. Il devient ainsi manifeste que la bourgeoisie est incapable de demeurer désormais la classe dirigeante de la société et d’imposer à la société, comme une loi impérative, les conditions de son existence de classe. Elle est devenue incapable de régner, car elle ne sait plus assurer à ses esclaves la subsistance qui leur permette de supporter l’esclavage. Elle en est réduite à les laisser tomber à une condition où il lui faut les nourrir au lieu d’être nourrie par eux. La société ne peut plus vivre sous le règne de cette bourgeoisie ; c’est-à-dire que l’existence de la bourgeoisie n’est plus compatible avec la vie sociale.

32. La condition à laquelle se trouve principalement liée l’existence et la domination de la bourgeoisie, c’est l’accumulation des richesses entre les mains des particuliers, la formation et l’accroissement d’un capital. La condition sans laquelle il n’y a pas de capital, c’est le salariat. Le salariat tient uniquement à la concurrence des ouvriers entre eux. Mais le progrès de l’industrie, dont la bourgeoisie, sans préméditation et sans résistance, est devenue, l’agent, au lieu de maintenir l’isolement des ouvriers par la concurrence, a amené leur union